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Réflexions sur le geste chorégraphique de la danse

« La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie. »

Sénèque (1er- 65 ap. JC)

 

1) Définition de la danse en général et de la danse classique en particulier.

2) Grâce et beauté du geste participent l’une de l’autre ; dans quelle mesure l’exprime la figure de l’étoile ? De quelle façon et en quoi la personnalité de Marie-Agnès Gillot incarne et traduit cette dimension particulière du chorégraphique ?

 

I. La Danse, définition d’après Wikipédia

I.1. La danse (en général)

La danse est l’art de mouvoir le corps humain constitué d’une suite de mouvements ordonnés, souvent rythmés par de la musique.

La danse est soit un ensemble défini de mouvements dénué de signification propre, comme souvent dans le ballet ou les danses traditionnelles européennes, soit une gestuelle inspirée par une symbolique laïque ou religieuse, tendant parfois vers une sorte de mime ou de pantomime, comme de nombreuses danses asiatiques. Parfois elle peut même viser à entraîner la transe. Il existe de nombreux types de danses qui représentent environ trois millions de pratiquants en France aujourd’hui.

Origines
Les premières indications sur l’exécution de danses datent de la Préhistoire, au paléolithique, où des peintures rupestres attestent de l’existence de danses primitives.
Il s’agit avant tout d’un acte cérémoniel et rituel, adressé à une entité supérieure.
La danse primitive, couplée aux chants et à la musique, avait aussi probablement la capacité de faire entrer l’homme dans un état de transe.
La danse peut être un art, un rite ou encore un divertissement. Elle exprime des idées et des émotions ou raconte une histoire. La danse a en général un rapport direct avec les autres arts.
Le corps peut réaliser toutes sortes d’actions comme tourner, se courber, s’étirer ou sauter. En les combinant selon des dynamiques variées, on peut inventer une infinité de mouvements différents. Le corps passe à l’état d’objet, il sert à exprimer les émotions du danseur à travers ses mouvements, l’art devient le maître du corps.
Pratique universelle, la danse est un acte d’ordre sacré ; c’est un phénomène qui se retrouve effectivement de tout temps chez tous les peuples.

« La danse est le premier-né des arts. La musique et la poésie s’écoulent dans le temps ; les arts plastiques et l’architecture modèlent l’espace. Mais la danse vit à la fois dans l’espace et le temps. Avant de confier ses émotions à la pierre, au verbe, au son, l’homme se sert de son propre corps pour organiser l’espace et pour rythmer le temps. »

Curt Sachs, introduction à l’Histoire de la danse, Gallimard, 1938, p. 7.


I.2. La danse classique (en particulier)


La danse classique, également appelée ballet, est un type de danse né au XVe siècle. Elle a été importée en France par les Italiens.
Les spectacles de danse classique sont principalement et typiquement les ballets.
La danse classique est un art difficile car les mouvements sont très précis et compliqués. C’est la musique classique qui accompagne les danseurs. En danse classique, les danseuses et danseurs vont généralement danser en 8 temps, ou en 6 temps (temps de valse), cela leur aide à être sur la musique.

Les bases
La danse classique se pratique à partir de positions et de mouvements de base comme les pliés, les demi-pliés, la révérence. On commence avec les demi-pointes, puis il y a les pointes : des chaussons à bouts durs qui permettent de monter sur les orteils.

Technique fondée sur le principe aristocratique de naturel, la danse classique cultive l’art de la représentation et s’interdit de montrer ses vrais sentiments et émotions (surtout la douleur). Danse d’élévation, elle privilégie la verticalité et la frontalité en s’employant à donner la sensation d’une certaine facilité même sur les pointes et dans les sauts d’où s’ensuit l’impression de force et de légèreté qui la caractérise. Maîtrise du mouvement dans la coordination du bas du corps et du haut, positions des bras et positions des pieds se correspondent au nombre de cinq positions de référence établies par Beauchamp, auxquelles s’adjoint la sixième, position ‟pieds côte à côte” utilisée dans les danses jazz ou moderne.
Il existe quatre sensibilités principales ou écoles réputées chacune pour leurs qualités artistiques spécifiques : académisme, mesure, équilibre des proportions et pureté des lignes, grâce et légèreté de l’école française (1713), virtuosité, brio, théâtralité de l’école italienne (1813), danses de caractère, lyrisme de l’école russe (1738), musicalité, parité homme-femme dans la distribution des rôles au sein du ballet de l’école danoise (1771).
Les compagnies de danse classique sont souvent réparties en grades : poste surnuméraire, figurant, quadrille, coryphée, sujet, premier danseur et danseur étoile (titre honorifique). Les compagnies les plus connues et prestigieuses sont : le Ballet de l’Opéra National de Paris, la Scala de Milan (Italie), le Bolchoï (Russie), le Mariinsky (Russie), le Royal Ballet (Londres), le New York City Ballet, l’American Ballet Theater.
Le ballet est un spectacle de danse classique qui raconte une histoire grâce aux danses, aux costumes et aux décors. Les plus grands compositeurs de ballet de l’histoire de la danse sont Lully (XVIIe), Rameau (XVIIIe), Tchaïkovski (XIXe), Stravinsky (XXe).


Grand répertoire (pistes de lecture)

Parmi les ballets les plus célèbres on trouve :

- Le Lac des cygnes (1877), Petipa-Ivanov (chor.), Tchaïkovski (mus.), présentation et représentation (pas de deux cygne blanc-Odette, acte 2, et cygne noir-Odile, acte 3) / pronation des mains croisées et battements d’ailes qu’accompagnent l’arabesque, le tour attitude, l’abandon dans les bras de son partenaire, chute en arrière, et le moelleux de sa danse ballonnée, céleste/fort contraste avec les pizzicati de la danse taquetée du cygne noir, qui opère d’une main d’autorité, conquérante, en supination et triomphale dans les 32 fouettés en tournant (variation d’Odile et coda du pas de deux, acte 3) ;

- Casse-Noisette (1892), Marius Petipa (chor.), Tchaïkovski (mus.), conte initiatique : pas de deux fin acte 1, Clara rêve et découvre son casse-noisette qui est devenu prince (enfance), grand pas de deux acte 2, avec tutu, Clara est devenue femme (âge adulte) ;

- Don Quichotte (1869), Petipa (chor.), Minkus (mus.), pas de deux, pas de bravoure ;

- Giselle (1841), Coralli et Perrot (chor.), Adam (mus.), ballet romantique par excellence, la ballerine se transfigure dans une apothéose d’immatérialité où elle triomphe de la pesanteur tant par la danse d’expression que par la danse de pure exécution, conciliant les voix du corps et de l’esprit par une sensibilité à fleur de peau, c’est-à-dire le langage de l’âme tout en mouvement musical ;

- La Sylphide (1832), Philippe Taglioni (chor.), Schneitzhoffer (mus.), naissance du culte de la ballerine, c’est par excellence le ballet de l’idéal féminin à travers l’art de la pointe et le tutu long romantique qui symbolise l’envol fulgurant, vif et spontané, la légèreté éthérée, l’évanescence d’une âme vierge et spirituelle à la lisière du rêve et de la réalité que préfigure James, l’amoureux d’un pur esprit des bois porté par le travail des pieds, les descentes de pointes, l’absence de poids, l’impression de voler comme en songe ;

- Paquita (1846), Joseph Mazilier (chor.), Deldevez (mus.), joyau de la danse classique (1847, version Petipa), danse et pantomime se mêlent grâce à une dramaturgie savamment chorégraphiée à l’instar des comédies de Molière où le mariage des héros sert de dénouement à l’imbroglio entre, ici, un jeune officier français et une belle gitane aux prises à la campagne d’Espagne des armées napoléoniennes : espagnolades, ronds de jambes, sauts, portés, virtuosité et complexité technique rehausse une intrigue des plus romanesques ;

- Coppélia (1870), Athur Saint-Léon (chor.), Delibes (mus.), danses slaves : czardas, mazurka ;

- La Bayadère (1877), Petipa (chor.), Minkus (mus.), majestueuse diagonale et ensembles en miroir (1992, version Noureev), synthèse de la transmission du ballet à travers plusieurs générations, cette féerie surnaturelle du Royaume des Ombres (acte 3), sur fond d’orientalisme d’un palais hindou, se conclut dans le respect de la tradition académique si chère à Petipa et que prônait à sa suite Noureev, notamment auteur de la variation de Solor en contrepoint de la coda de Nikiya avec sa corbeille de fleurs ;

- Raymonda (1898), Petipa (chor.), Glazounov (mus.), ultime ballet narratif d’envergure de Petipa, fantaisie médiévale conçue comme une encyclopédie des formes de danse classique ;

- La Fille mal gardée (1789), Dauberval (chor.), Hérold (mus.), avec arrangements de Glinka, Minkus, Pugni, Delibes, Drigo, Rubinstein , notamment connu pour sa danse des sabots ;

- Cendrillon (1893), sous la direction de Petipa, s’associent Cecchetti et Ivanov (chor.), baron Vietinghoff-Scheel (mus.), pas de deux sur un air de polka, grand pas d’action du bal (acte 2), Legnani exécute pour la première fois ses fameux 32 fouettés en tournant ;

- La Belle au bois dormant (1890), Petipa (chor.), Tchaïkovski (mus.), d’inspiration Renaissance française (Orchésographie de Thoinot Arbeau), est le plus long ballet de Tchaïkovski, il dépeint le conflit entre le Bien et le Mal qu’incarnent en leitmotiv la fée des Lilas et la fée Carabosse qui se disputent le sort du prince Désiré et de la princesse Aurore – en 1966 Noureev signe sa propre version du « ballet des ballets » à la Scala de Milan, pour une apothéose continuée du ballet classique et de la pantomime stylisée par une danse symphonique qui littéralement atteint des sommets dans l’Oiseau bleu et dans le Chat ;

- Roméo et Juliette (1940), Lavrovski (chor.), Prokofiev (mus.), dram-balet soviétique d’après le drame éternel de Shakespeare, ce ballet narratif relate avec un réalisme théâtralisé et une technique académique éprouvée, la passion déchirante, les amours tragiques « à la vie, à la mort » de deux jeunes gens, les amants de Vérone qui se rencontrent au bal des Capulet et se déclarent dans la scène du pas de deux du Balcon (1984, version Noureev, et 1965, version MacMillan, référence incontestée), avec force grands jetés, tours et poses en arabesque, pantomime et scènes de foule, une dialectique sociale se voit signifiée à travers le combat des Capulet et des Montaigu, ou bien les lamentations de lady Capulet sur le corps de son fils Roméo, dont les inflexions émotionnelles ont les ressorts du drame élisabéthain et de la tragédie grecque avec la procession sacramentelle du pardon final lorsque se retrouvent et se réconcilient les deux familles en deuil autour de la dépouille de Roméo et Juliette qui gît sur l’autel des enfants sacrifiés ;

- Le Corsaire (1856), Mazilier (chor.), Adam (mus.), arrangements par Drigo, reprise en 1895 par Petipa dans la magnificence du Pas de deux du Corsaire, spectaculaire pas de bravoure ;

- Les Caprices de Cupidon ou du Maître de Ballet (1786), Galeotti (chor.), Lolle (mus.), ballet en un acte, le plus ancien au répertoire des compagnies actuelles.



II. La Grâce, d’après le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL)

La grâce : nom féminin, singulier. La grâce est une faveur accordée librement à quelqu’un. C’est un bienfait, un don. Elle est une disposition à faire plaisir, à être agréable à quelqu’un. Mot à connotation spirituelle, la grâce divine est un concept donné dans plusieurs religions, principalement le christianisme, l’islam, et le sikhisme également. On parlera de grâce d’état à propos d’une prédisposition à vivre certaines choses telles que la passion et la force d’embrasser le métier de comédien/acteur car le théâtre/la danse est un véritable engagement de la personne tout entière : plus qu’une profession c’est un art qui appelle sacrifice, renoncement à soi. Pour dire tout le bien et le meilleur à quelqu’un, on emploie l’expression « c’est la grâce que je vous souhaite ».
Au sens théologique du terme, la grâce étant une bénédiction, elle est en outre une délivrance et devient recours notamment dans le pardon présidentiel lors d’une remise de peine : c’est le droit de grâce. Enfin, sans rien attendre en retour, faire grâce de quelque chose reviendra à s’accomplir par la beauté du geste, l’action épargnant peines et soucis à autrui, dispensant ainsi l’autre de toute dette envers quiconque. De plus, s’il s’agit bel et bien de grâce aussi quand on rend louanges, par ailleurs attachée à la personne physique en elle-même, la grâce devient beauté de l’âme se reflétant dans le corps à travers l’apparence en tant qu’image de soi, la silhouette élancée, la taille souple et déliée aux mouvements ondoyants et flexibles étant menés avec l’agrément octroyé aux grâces, les trois Grâces seulement – déesse Aglaé, Euphosine et Thalie, compagnes de Vénus, personnifications de l’art de plaire en tant que tel. Par extension du langage, on évoquera ainsi donc une femme aux traits saillants, qui a certes du charme mais plus encore un certain mystère et de l’allure aussi, ce qui fait rêver et laisse interrogatif, songeur. En conclusion, de bonne grâce voulant dire et signifier « avec politesse », il sera question de nature profonde mais éducation, l’art et la manière induite. Toutes locutions où apparaîtra le terme de grâce traduisant des relations sociales, c’est-à-dire les rapports humains, la grâce se fonde en symbole sur le principe universel de reconnaissance mutuelle et réciproque à l’école de l’altérité.

 

 

Vidéogramme : Jan Fabre - The Man Who Measures the Clouds