Sujet d'examen pour le cours de culture chorégraphique / histoire de la danse

Examen oral de culture chorégraphique - Conservatoire de Rouen

Mis en ligne le 23 Avril 2020

SUJET DE DISCUSSION

La danse comme spiritualité, une théâtralité au prix du sublime à l'œuvre :
danser sa vie, danser... une écriture de soi au risque de l'être et du néant...

En quoi les disciplines et danses académiques des plus diverses constituent véritablement dans l'histoire du ballet une approche du sentiment d'éternité, délivrant par-là même les aspects du for de l'intime, autrement dit une part du Réel ?

Sensible incarné, éphémère, dans quelle mesure cette forme d'expression artistique, la danse théâtrale, offre une vision de l'invisible ? Traduction d'un idéal, voire de l'absolu, demandez-vous si le champ chorégraphique ne sublime pas le sentiment d'amour qui gît au fin fond de son cœur. Glorification de la vie, vivant magnifié, certes, mais tragique tout autant à la clé. En quoi, comment faute de pourquoi ?

En vérité danse d'élévation contre vie des formes, d'aucuns parleront quant à eux de transmutation. Maurice Béjart évoque la question, concevant son propre ballet for life ainsi que son regard croise celui des plus grands au nombre desquels comptent les maîtres que sont à ses côtés Martha Graham, George Balanchine, Merce Cunningham, Pina Bausch, Mary Wigman, Kurt Jooss, John Neumeier, Jiri Kilian, Gene Kelly ou bien Alvin Ailey. La poésie du geste renvoyant ces images stylisées, toutes, de l'image du corps, image de soi, n'est-ce pure magie que cette musique des sphères adamantines ?

Au travers d'un corpus d'étude dûment constitué, montrez les limites, les tenants et aboutissants de l'immatérialité, ce trésor de l'humanité, dans le corps dansant. Vous fondant sur votre propre expérience, partant et de votre pratique et de votre ressenti, expliquez de quelle façon se produit, selon vous, le prétendu miracle, ce prodige de la saltation, danser-chorégraphier introduisant à l'art de l'élévation par lequel se découvre en chair et en os la personne humaine, ainsi donc révélée à elle-même sur les planches, dans le cadre de scène : la fameuse camera obscura des génies...

Enfin, à votre sens quel est le vecteur traversant à bout de souffle l'art de la danse de part en part ?
Et de conclure à une force par le mouvement suffira-t-il à votre avis pour traduire, signifier, expliquer cette cadence, ce rythme entre zéro et l'infini ?

Appréhender le réel au moyen de l'être dansant auquel songe le poète Paul Valéry se résume à un rêve merveilleux.
Pour l'historienne Geisha Fontaine, il s'agit d'un fantasme, un seul et unique, lequel transcende : le rêve d'Icare en somme par-devers la chute.
Tout à la fois science et sagesse, vraie sapientia, connaissance de soi, les éléments de langage chorégraphique autorisent à dire et à penser qu'au fil du temps il y a. Il y a beaucoup plus en jeu, certes, qu'une simple représentation ou distraction raffinée quand bien même l'on s'amuse et joue à l'horizon flottant des plus océaniques... Or, toutes ces productions scéniques, quelles qu'elles soient, divertissements, attractions, menus plaisirs, ballets, chorégraphies, toutes ces créations chorégraphiques n'invitent-elles pas D.ieu au miroir poserait le philosophe, Pierre Legendre ? Par quel type de translation s'opère le passage d'un corps à l'autre ? Explicitez.
Entre spectacle vivant et art savant, l'auteur rappelle combien "Cette science de l'âme donne la mesure d'une vérité légale", précisant que "certaine version de la Loi", dit-il, induit quelque chose d'autre : "Quelque chose d'essentiel (...) proposé et répété là-dessus par la morale chrétienne : quand un corps danse, l'âme risque de tomber ; il existe une science pour l'éviter."
(Pierre Legendre, La passion d'être un autre. Etude pour la danse. "Du corps l'autre corps. Topique du Texte hallucinant", Seuil, Paris, 1978, p. 127)

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